Essai tracteur New Holland T6.165 Dynamic Command mieux qu'une CVT?

Aussi souple et intuitive qu’une variation continue, mais dotée d’un rendement supérieur : tels seraient les avantages, selon le tractoriste New Holland, de sa dernière transmission, conçue et fabriquée en interne, la boîte robotisée Dynamic Command. Notre essayeur, Lionel Reynaud, salarié de l’exploitation du lycée agricole de Magnac-Laval (Haute-Vienne), a conduit durant une semaine deux T6 Dynamic Command, de 145 ch de puissance maximale, lors d’un chantier d’épandage de fumier. Au programme : chargement de compost et épandage de l’amendement organique sur plusieurs prairies.

Un menu dédié à la transmission

La transmission Dynamic Command de New Holland démarre par défaut en mode « Manuel », laissant le chauffeur gérer la cavalerie. Pour monter les vitesses, il suffit de pousser par impulsion le joystick ou d’appuyer sur le bouton « + » à l’aide du pouce. Pour les descendre, il faut le tirer en arrière ou appuyer sur le bouton « – ». Le passage d’une gamme nécessite, quant à lui, l’appui de l’index sur le bouton « Shift » positionné derrière le levier.

« La prise en main est assez rapide, et je suis agréablement surpris par la souplesse du passage des gammes robotisées. Je ne sens aucun à-coup. C’est vraiment bluffant », se réjouit notre essayeur.

La gestion des passages entre les vitesses et, surtout, d'une gamme à l'autre est impressionnante. Les ingénieurs ont réussi à imiter la technique du « double débrayage » des tracteurs mécaniques, par une petite accélération intelligente du moteur, pour maîtriser le passage des gammes. Dans le menu de la transmission, ce « Smooth Shift » peut être désactivé.

« C’est dommage, les noms de ces réglages, pourtant importants, s’affichent en anglais dans le menu. Au début, on ne sait pas forcément à quoi ils correspondent », regrette Lionel Reynaud. Le levier en croix de l’accoudoir, qui gère le chargeur frontal,  tombe sous la main, apprécie notre essayeur. Il permet aussi de passer les powershift de l’index, via de petites touches. L’appui sur la pédale de frein à l’approche de l’épandeur coupe la transmission, me laissant du temps pour vider le fumier et ainsi prendre mes marques. Il faut néanmoins appuyer fort pour maintenir le tracteur immobile ».

Sur le terminal, en haut à gauche, une touche représentée par un engrenage donne un accès rapide au menu dédié à la transmission. Très intéressant et complet, ce dernier contrôle plusieurs paramètres, dont le niveau d’effort à exercer sur la pédale de frein pour désengager la boîte.

« Ce réglage m’a permis de corriger la souplesse de la pédale de frein lors du chargement des épandeurs. Pour les départs avec l’épandeur chargé, j’ai également pu modifier le rapport de démarrage, ce qui évite de caler ou de partir trop lentement. »

La Dynamic Command bénéficie de nombreux réglages et d’automatismes. Le mode « Champ », par exemple, automatise le passage des huit rapports powershift dans une même gamme A ou B. Pour éviter que le système ne monte toutes les vitesses, un réglage intuitif limite la plage de rapports disponibles de 2 à 8. Une succession de rectangles, sur le côté gauche du terminal, informe le chauffeur du rapport engagé et du mode de conduite, ou encore du rapport de démarrage et du sens de marche. Cet affichage fixe reste constamment sous les yeux du chauffeur.

Un mode « Route » tout auto

« Pour me rendre dans la parcelle située à quelques kilomètres, j’active le mode “Transport” par deux appuis successifs sur le bouton “Auto” du joystick, une commande peu intuitive », déplore Lionel Reynaud.

Une remorque s’affiche alors à l’écran. Là, les powershift et les gammes B et C passent à la volée, automatiquement. Une molette orange, devant l’accélérateur à main sur l’accoudoir, ajuste l’agressivité du passage des vitesses. En mode « Eco », le passage se rapproche du couple maximal du moteur, autour de 1 600 tr/min. En la tournant à droite, vers « Power », il faut atteindre les 2 000 tr/min avant que la vitesse passe.

« Une fois l’épandeur vidé, je retourne au tas. Lors des manœuvres, je désactive les automatismes et préfère conduire en manuel. Pour monter les vitesses en marche arrière, il faut tirer le levier, et le pousser pour les descendre, à l’inverse de la marche avant. » L’inversion du sens de marche se gère de deux manières. « Au chargeur, j’utilise l'inverseur situé sur le volant. Lors des demi-tours en bout de champ avec l’épandeur, je contrôle tout de la main droite, dont l’inversion, me concentrant ainsi sur l’outil arrière. » L’inverseur revient toujours dans sa position d’origine. « C’est un peu déstabilisant quand on n'est pas habitué, mais on s’y fait rapidement », précise Lionel Reynaud.

New Holland proposera prochainement une stratégie de conduite dotée d’un régulateur de vitesse. Une fois l'allure cible enregistrée par l'opérateur, le tracteur optera pour le meilleur compromis entre les 24 vitesses et le régime moteur, et ce, tout en optimisant sa consommation. Cela ne vous rappelle rien ? Si, bien sûr : un mode de conduite identique à celui d'une variation continue. Si le résultat est à la hauteur de nos espérances, la CVT aurait-elle du souci à se faire ? L’avenir nous le dira !

L'essayeur

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